Après neuf ans d’absence, c’est avec une certaine impatience que je me rends à Nantes au Stereolux pour assister au concert de Matmatah. La moyenne d’âge est plutôt élevée dans cette longue file d’attente qui s’étire déjà devant les portes de la salle. Est-ce par nostalgie, ou par curiosité ? Une chose est certaine : nous avons visiblement tous envie de les revoir sur scène défendre leur dernier album « Plates coutures« , qui certes ne révolutionne pas le style mais reste fidèle aux inspirations du groupe, avec ses textes d’actualité et ses revendications propres. C’est un retour réussi d’un point de vue studio mais les bretons ont-ils toujours la ouache sur scène ?
Deux inconvénients à mon arrivée tardive, le premier est que la salle est bondée et l’accès aux premiers rangs paraît plus que compromis; le second c’est que j’ai raté la prestation de Grand Palladium qui assurait la première partie de la soirée. Je décide donc d’aborder ce live avec de la hauteur en prenant la direction du balcon. La scène qui s’ouvre à nous est très sobre; pas de backdrop ni de décors, juste les instruments et les membres qui prennent enfin place: que le spectacle commence !
Le concert débute avec « Petite Frappe », chanson qui ouvre également le dernier opus. Tristan Nihouarn dit « Stan » au chant et à la guitare, a toujours la même voix et la même énergie. Eric Digaire à la basse, Emmanuel Baroux le nouveau guitariste plutôt discret mais efficace, Scholl (Benoit Fournier) à la batterie et Julien Carton au clavier. S’enchaînent alors quelques titres plus anciens comme Quelques sourires, Il fait beau sur la france, puis retour en 2017 avec Marée haute, un sujet on ne peut plus d’actualités, sur la corruption en politique même s’il ne cible personne en particulier. Suit Gotta go now mais il faudra attendre Lésine pas pour avoir une première réaction du public, peut-être dû au fait que Stan rappelle que pour une fois ils ont fait un morceau pour pogoter, mais la foule soudain réveillée n’ira quand même pas jusque là.
Les premières notes d’ « Emma » font encore monter le niveau d’adrénaline d’un cran : dans la salle, ça sautille. Stan fait chanter le public, le balcon, la fosse, les filles, les garçons… Cette fois on se dit qu’enfin on va vivre quelque chose. Mais malgré le « métier » du groupe sur scène et leur savoir-faire pour haranguer la foule en demandant s’ils sont bien en Bretagne, le public s’assagit de nouveau en écoutant Archimède, Au conditionnel, Nous y sommes, La cerise, Le festin de Bianca, Retour à la normale, Crépuscule Dandy.
Alors pour casser la léthargie de l’auditorium, car il n’y a rien à redire sur la prestation du groupe toujours au top , ils décident de nous sortir une version rock et plus rapide de l’emblématique Lambé An Dro. L’essai est réussi avec une grosse ambiance qui s’installe puis on repart en glissade contrôlée avec Toboggan, Derrière ton dos revisitée de très belle manière, une bonne surprise pour ma part. Lorsque l’on entend Stan rendre hommage aux stups de Nantes à la retraite, on ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire car même si cela annonce la fin du concert nous savons que cela va se faire dans une ambiance de folie avec, ai-je besoin de le préciser L’apologie.
Une nouvelle fois, ils auront réussi à faire bouger l’auditoire non sans difficultés et c’est un peu le constat mitigé de la soirée. Le groupe est resté au top malgré ses longues années d’absence, aussi bien vocalement que musicalement, l’envie et l’énergie sont bien présentes mais des spectateurs qui finalement ne réagissent que sur 3 ou 4 morceaux « médiatiques » ce qui finalement est plutôt surprenant et assez réducteur quand on connaît le répertoire de Matmatah.
Pour clore ce set Matmatah se fait accompagner par Grand Palladium pour une session acoustique avec le titre Peshmerga. Belle manière de finir en finesse et en beauté ce concert plus que réussi. Ils seront à l’affiche de nombreux festivals cet été pour ceux qui n’ont pas eu la chance de les voir c’est le moment.